Les écrans ont envahi notre quotidien. La question de l’exposition de votre bébé à ces derniers va donc inévitablement se poser et ce, dès la naissance de votre enfant. Quels impacts peuvent avoir les écrans sur le développement de l’enfant ? Quels sont les risques et recommandations des experts ? Tour d’horizon dans cet article.
- 1. Le développement de l’enfant : rappel important
- 2. L’usage passif des écrans peut-il entraver le développement de l’enfant ?
- 1. Les écrans et le cerveau
- 2. Les écrans et la motricité
- 3. Les écrans et l’apprentissage
- 4. Les écrans et le langage
- 5. Les écrans et le sommeil
- 6. Les écrans et la relation aux autres
- 7. Les écrans et la réussite scolaire
- 8. Les écrans et la vision
- 9. Les écrans et le surpoids
- 10. Les écrans et l’attention
- 11. Les écrans sont une addiction
- 3. Un repère : La règle 3-6-9-12
- 4. Qu’est-ce que le Syndrome de Surexposition aux Écrans (SSE) ?
1. Le développement de l’enfant : rappel important
Avant l’âge de 3 ans, l’enfant construit ses repères, à la fois spatiaux et temporels. Il est important à ce moment-là pour l’enfant :
- D’interagir avec ses 5 sens dans son environnement : l’enfant doit être capable de se déplacer dans un espace en trois dimensions, manipuler les objets qu’il rencontre et développer ses sens (vue, odorat, ouïe, toucher, goût). Il est impossible pour lui de construire ces repères et de découvrir le monde en restant devant une télévision.
- De recevoir des stimulations adaptées à son âge, c’est-à-dire des stimulations qui correspondent à ses capacités actuelles, qui peuvent être assimilées et qui respectent son propre rythme de développement.
- D’établir une relation avec le monde qui l’entoure en étant acteur de son propre monde. L’enfant doit comprendre qu’il peut transformer son environnement et être capable de manipuler de petits objets. Il est important pour l’enfant de faire face à l’absence, de se séparer de ses parents, de faire l’expérience de l’ennui et d’être seul dans ses activités, sans stimulation extérieure.
- De développer une relation d’attachement : tout être humain est un être de relation et la relation d’attachement se construit avec l’entourage, ce qui procure un sentiment de sécurité.
Le risque est que les écrans viennent remplacer ces activités fondamentales pour le bon développement de l’enfant. Si votre enfant passe trop de temps devant les écrans, cela réduira le temps qu’il consacre aux activités motrices, exploratoires et interpersonnelles. Il est donc essentiel de veiller à ce que les écrans ne remplacent pas les activités qui sollicitent ses cinq sens, car cela pourrait avoir des conséquences néfastes sur son développement.
2. L’usage passif des écrans peut-il entraver le développement de l’enfant ?
Oui, l’usage passif des écrans peut entraver le développement de l’enfant. Les écrans, lorsqu’ils sont utilisés de manière passive, tels que regarder la télévision ou des vidéos sans interaction, peuvent avoir plusieurs effets négatifs sur le développement de l’enfant.
Voici les 11 impacts néfastes des écrans sur les enfants :
1. Les écrans et le cerveau
Le cerveau subit une évolution et une transformation tout au long de la vie. Entre 0 et 3 ans, il possède une structure spécifique qui diffère de celui des adultes (les jeunes enfants ne sont pas de simples versions miniatures des adultes). Il se produit une importante maturation du cerveau jusqu’à l’âge de 15 ans, ce qui rend cette période cruciale nécessitant une vigilance extrême. Au-delà de 15 ans, le cerveau continue d’évoluer et de se modeler en fonction de son utilisation.
5 choses clés sont à savoir :
- Il est important de souligner que l’activité cérébrale devant un écran est équivalente à celle observée pendant le sommeil. En résumé, lorsque les enfants sont devant un écran, leur cerveau est « éteint ». Le cerveau apprend et s’organise en interagissant avec le monde réel, pas en regardant un écran. L’apprentissage implique la vision, l’ouïe, les sens olfactif et tactile, ainsi que la capacité à tester et à rectifier nos actions si nécessaire.
- Jusqu’à l’âge de 7 à 8 ans, les enfants ne font pas la distinction entre une publicité et un documentaire. Pour eux, une publicité, un documentaire, un film sont tous équivalents à la réalité. Cela peut conduire à des fausses croyances chez les enfants et à des cauchemars de plus en plus fréquents. C’est pourquoi il est essentiel de ne pas laisser les enfants seuls devant un écran et de leur expliquer que les publicités ne reflètent pas la réalité.
- L’attachement entre le bébé et ses parents est important pour que les connexions cérébrales se développent chez le nourrisson. Cela permet à l’enfant de développer une sécurité affective qui lui permettra d’explorer son environnement par le mouvement et par le biais de ses cinq sens.
4. Pour favoriser le développement de l’enfant et de son cerveau, il est essentiel qu’il reste connecté à son corps. Avec les écrans, le cerveau est connecté à l’écran mais se déconnecte du corps. Les écrans ne peuvent pas fournir les sensations que les sens apportent, telles que la perception de la chaleur ou du froid. Les applications éducatives se limitent à l’image, sans possibilité de manipulation et de toucher. Par exemple, il est impossible d’apprendre ce qu’est le froid (comme la neige) uniquement en regardant une image sur une tablette.
5. Une surexposition aux écrans entrave les connexions neuronales et le développement du cerveau. Les automatismes de jeu prennent le dessus dans la vie quotidienne, sans réelle élaboration de la pensée en dehors des chiffres et des couleurs. Les enfants peuvent éprouver des difficultés d’apprentissage à l’école, ne comprenant pas les consignes. Il est donc essentiel de reconnaître que le problème ne réside pas dans l’école elle-même, mais plutôt dans les expériences vécues avant celle-ci. Une trop grande exposition aux écrans peut également entraîner des problèmes de comportement et de compréhension chez les enfants.
2. Les écrans et la motricité
Un enfant qui est devant un écran ne bouge pas, il reste immobile. Hors les enfants ont besoin de bouger pour développer leurs capacités motrices. C’est pourquoi les enfants qui passent trop de temps devant les écrans peuvent présenter un retard moteur. Ils n’utilisent pas leur corps, ils ne manipulent pas, ils n’ont pas la notion de force (ils effleurent du doigts l’écran), ils ne développent pas la coordination oeil/main indispensable pour savoir écrire etc..
3. Les écrans et l’apprentissage
Pour apprendre, l’enfant a besoin de :
- Désorganiser le monde pour le comprendre
- Déplacer, regrouper, transporter, trier, transvaser, laisser tomber…
- Apprendre la frustration, l’effort, l’attente, la réussite, l’échec…
Les écrans font à la place des enfants…et les enfants ne font donc plus d’efforts. Une étude conduite en 2006 par deux médecins allemands et reprise par l’INSERM montre la différence de dessins de bonhomme faits par des enfants, en lien avec le temps passé devant la télévision. Et cette différence fait peur.
Bien que cette étude soit quelque peu biaisée (les facteurs sociaux et environnementaux sont également très importants dans le développement de l’enfant), elle a cependant l’avantage d’être parlante et d’alerter en montrant facilement l’impact néfaste des écrans sur les enfants.
4. Les écrans et le langage
Pour que l’enfant apprenne à parler, il est essentiel qu’on le regarde et qu’on lui parle en utilisant des gestes. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’usage des écrans n’aide pas dans l’acquisition du langage, et serait même la cause de retards de langage. En effet, les enfants ne font que répéter ce qu’ils entendent mais ne savent pas parler. Ils sont en écholalie (= répétitions de mots et de phrases).
5. Les écrans et le sommeil
Les LED des écrans ont un impact 100 fois plus important sur les récepteurs photosensibles des yeux qu’une lumière artificielle générée par une lampe. Ces LED envoient le message au cerveau que nous sommes en plein jour et perturbe donc l’horloge biologique. Un enfant qui est sur les écrans le soir risque donc d’avoir des troubles du sommeil.
6. Les écrans et la relation aux autres
Les enfants qui passent beaucoup de temps seuls face à leurs écrans sont coupés de la relation aux autres. A l’école, certains enfants peuvent attaquer les autres (tapent, mordent…) car ils n’ont pas l’habitude et se sentent agressés par les autres : enfermés dans leur bulle, ils ne sont plus en relation avec d’autres enfants et ne possèdent pas les codes sociaux adaptés.
7. Les écrans et la réussite scolaire
Diverses études ont prouvées que l’on divise par 2 la probabilité de faire des études supérieures si l’enfant passe plus de 3 heures par jour devant un écran.
8. Les écrans et la vision
On observe une nette augmentation de la myopie chez les enfants et adolescents depuis 10 ans et la proportion de myopes dans la population a doublé depuis les années 70. Le manque d’activité en plein air génère un risque de diminution du champ visuel et de moins bonnes capacités d’ajustement vision de loin/vision de près.
9. Les écrans et le surpoids
Devant un écran le cerveau n’est plus relié au corps mais à l’écran et ne secrète aucune substance liée à la digestion. Ainsi, les enfants ne font pas attention à ce qu’ils mangent.
10. Les écrans et l’attention
Chez les enfants de moins de 3 ans, chaque heure quotidienne d’écran double les chances de présenter un trouble de l’attention primaire (TDAH). Les écrans empêchent les enfants de se concentrer correctement, même lorsque la télévision « est en fond » : le bruit continu va interrompre l’enfant et « fragmenter son attention »Chez les enfants de moins de 3 ans, chaque heure quotidienne d’écran double les chances de présenter un trouble de l’attention primaire (TDAH). Les écrans empêchent les enfants de se concentrer correctement, même lorsque la télévision « est en fond ». Le bruit continu va interrompre l’enfant et « fragmenter son attention » : je joue, je m’interromps pour regarder, je rejoue ne sachant plus où j’en étais, je m’interromps encore, etc… La télévision, même en bruit de fond vient donc entraver le bon développement de votre enfant.
11. Les écrans sont une addiction
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré le 14 juin 2018 l’addiction aux écrans comme maladie mentale. Les écrans sont comme une drogue et attirent les enfants. En période de « sevrage » d’un enfant, on peut ainsi voir apparaître un syndrome de manque : l’enfant hurle, crie, se tape la tête etc.
3. Un repère : La règle 3-6-9-12
« Les enfants de 5 ans et demi consacrent en moyenne 92 minutes par jour aux écrans, contre 53 minutes à 2 ans. »
Ministère de la culture
Face à ce constat, et pour donner des repères aux parents, des recommandations ont été émises par la Société Française de Pédiatrie (SPF). La règle 3-6-9-19 de Serge Tisseron, psychiatre, permet de donner de grands repères et les principes à respecter. Ce qu’il faut retenir :
❌ PAS d’écran avant 3 ans
❌ Ne pas laisser la télévision allumée en permanence
❌ Ne pas jouer sur les écrans en présence des enfants
❌ RESPECTER les âges mentionnés sur les jeux vidéos
❌PAS d’écran le matin avant l’école
❌PAS d’écran le soir avant le coucher
❌PAS d’écran pendant les repas
❌PAS d’écran seul dans la chambre
⚠️ Il est important de rappeler que l’intérêt éducatif des écrans n’a jamais été démontré. Au contraire, les études montrent un ralentissement dans les apprentissages linguistiques chez les enfants de 8 à 16 mois. AUCUN programme TV n’est adapté aux bébés.
Et si vous voulez un moyen de vous y retrouver simplement, voici un petit tableau de Hoptoys qui vous permet d’y voir encore plus clair :
4. Qu’est-ce que le Syndrome de Surexposition aux Écrans (SSE) ?
Le SSE fait référence à un comportement problématique et excessif lié à l’utilisation des écrans, tels que les smartphones, les tablettes, les ordinateurs et les télévisions. Il se caractérise par une dépendance excessive et compulsive à ces appareils, au point de compromettre la vie quotidienne de l’individu et d’avoir un impact négatif sur sa santé mentale, physique, sociale ou académique.
Ce syndrome a notamment des impacts dramatiques chez les enfants, impliquant :
- Des retards moteurs
- Des troubles du langage
- Un retard cognitif
- Des troubles de l’attention
- Une agitation, agressivité ou au contraire, une passivité anormale
- Une addiction
- Des relations sociales inexistantes